L'Europe en mille morceaux

 

Engrenages inquiétants

ou

L'Europe en mille morceaux

 

 

L’Europe est en crise. Je ne parle pas des institutions de l’UE ou de la zone €, mais de l’Europe réelle, celle des Peuples et des Etats censés être, en démocratie, la puissance juridique permettant la protection, sous tous ses aspects, dans le cadre d’une solidarité nationale, qui ne doit pas être ethnique, religieuse ou communautariste.

On observe et subit, impuissant, le chômage de masse, l’accroissement des taux de pauvreté, le creusement surréaliste des inégalités, la dégradation des mœurs dans certaines régions, la corruption qui semble devenir une banalité dans l’exercice du pouvoir à tous niveaux.

La dépossession de toute souveraineté économique des Etats les rend impuissants à pratiquer des politiques économiques cohérentes, et non concurrentes, pour enrayer cette crise, entre autres en marquant un coup d’arrêt aux délocalisations et en stimulant la ré-industrialisation, en fonction des besoins des populations et non des intérêts des actionnaires.  Cet abandon de souveraineté économique les conduit aussi à détruire, plus ou moins brutalement, les systèmes publics de solidarité sociale, mais aussi, à terme, de santé et d’enseignement.

L’Europe devient un terrain vague économique et social et un désert politique. Toute entité politique, pour être reconnue comme telle, doit avoir une diplomatie et une force armée. Inutile d’insister, l’Europe est totalement absente, en tant que telle. Chaque gouvernement a sa propre politique étrangère, quand il en a une, et son armée est réduite au strict minimum. Dans un monde en très grande turbulence, y compris aux portes de l’Europe, les menaces ne sont pas le fruit d’une imagination catastrophiste, et les Etats européens sont incapables d’y faire face.

Bref, il y aurait de quoi alimenter une réflexion de fond dans chaque pays, et donc en France. Au lieu de quoi, une négociation euro-américaine de première importance se déroule dans l’indifférence générale. Alors que le risque est grand de voir encore un peu plus s’étioler la souveraineté des Etats européens avec comme conséquence un affaiblissement de la protection des peuples en termes de santé publique et d’environnement, sans parler de l’exode des “cerveaux”, déjà largement entamé, vers les universités et laboratoires d’Amérique du Nord.

Par contre, on offre en pâture aux médias et aux acteurs politiques la Charte des langues régionales. Or, derrière une apparente évidence, la reconnaissance des langues régionales, c’est un véritable dépeçage ethnique de l’Europe, et tout particulièrement de la France, qui est en germe dans ce texte. Il mettrait le point final à toute souveraineté nationale, donc populaire et réaliserait l’éternel rêve de certains idéologues germaniques d’un nouvel Empire, dominé par les peuples germaniques homogènes, tutélant une constellation de petites minorités ethno-linguistiques. Quant à la langue et à la culture française ? Vous savez celles de Montaigne et Ronsard, de Pascal et Descartes, de Molière et La Fontaine, de Voltaire et Rousseau, de Condorcet et Tocqueville, de Chateaubriand et Victor Hugo, de Simone de Beauvoir et Camus…Kaputt ! Ou réservées à une élite spécialisée, au sein des universités américaines et même allemandes, où l’on a toujours beaucoup aimé la Kultur française.

Habileté des habiletés, une fois de plus, ce type de thème, qui nécessite d’étudier sérieusement le texte et de bien comprendre les intentions des auteurs initiaux, est ramené à une alternative simpliste et stupide : pour ou contre les langues régionales. Qui peut être contre ? Plus habile encore, dans cette simplification du débat, on est sûr de voir le FN se prononcer contre, et donc par conséquent, tous ceux qui souhaiteraient expliquer en profondeur leur opposition à ce texte sont immédiatement étiquetés : nationalistes bornés et retardataires et “alliés objectifs” du Front National. Oubliant que l’extrême droite est bien davantage pour une Europe fasciste que pour des Etats-nations démocratiques. Dans la discothèque du père Le Pen on peut facilement trouver des chants allemands de la Wehrmacht de la 2° guerre, il n’est pas sûr qu’on y trouve la Sambre et Meuse et le Chant des Partisans, sinon pour tromper celui qui viendrait fouiller. La fille Le Pen se rendit en Autriche à une “sauterie” des extrêmes droites européennes, il n’est pas sûr qu’elle fréquente les manifestations de la francophonie, sinon, là encore, pour brouiller les cartes. Enfin, il faut se rappeler que dans les années trente quarante, des mouvements régionalistes et ethnistes, et pas seulement en France, flirtèrent, et parfois plus, avec les fascismes européens de l’époque, y compris le Nazisme.

Je ne vais pas me lancer dans une étude approfondie de ce texte, mais je souhaite que chacun mesure la gravité des effets de cette décision prise dans de telles conditions ; s’informe donc et fasse savoir son opposition à ce texte pour ne pas avoir à le regretter amèrement, lorsqu’il sera trop tard. Je me permets, cependant, de vous proposer l’article très éclairant de Françoise Morvan sur son blog de Médiapart http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/240413/contre-la-charte-des-langues-regionales.

 

Ah, au fait, Françoise Morvan est née à Rostronen, dans les Côtes d’Armor.

Kenavo donc et vivent les Français de Bretagne

 

(On peut aussi lire une lettre, aussi émouvante que pertinente, d'un ancien FTP-MOI Léon Landini)

Rédigé par JC Coiffet