L’irrésistible maintien du FN

 

L’irrésistible maintien du FN

 

 

Décidément les commentateurs politiques sont fâchés avec les statistiques ? Cela fait des années qu’ils s’accordent tous à voir l’irrésistible ascension de l’électorat Front National. Et ces dernières départementales nous apprendraient que nous sommes dans un système de tripartisme et que les pires perspectives sont à prévoir. Ce n’est pas d’hier que le Front National fait partie des trois plus grandes formations politiques, et faut-il rappeler que le père Le Pen fut au second tour à la Présidentielle de 2002.

Pour évaluer la progression du poids électoral d’un parti il faut éliminer le facteur abstention qui varie fortement d’une élection à l’autre et fausse donc les comparaisons. Pour cela il convient tout simplement de calculer les résultats non sur les suffrages exprimés mais sur les inscrits. Il est possible ainsi de juger l’évolution du poids réel de chaque parti. Voyons ce qu’il en est de l’explosion de l’électorat FN.

Lors de ces départementales le FN présentant des candidats dans tous les cantons, le vote a valeur nationale et peut donc être comparé aux autres élections nationales.

 

Départementales 2015 : 12%  des inscrits

Européennes    2014    : 10%         ”

Présidentielle  2012   : 14%          ”

 

Présidentielle 2002    : 11,6%      ”

Présidentielle 1995    : 11,5%      ”

 

Autrement dit, il existe un fond solide d’électeurs FN autour de 12% depuis très longtemps.

La vraie question est, comme en 2002, le désaveu populaire de la politique de la gauche gouvernementale, en particulier par l’abstention, et, d’autre part, l’absence d’un mouvement de gauche alternatif audible par le peuple, non seulement en termes de politique économique mais aussi en termes de problèmes de société, où le divorce semble le plus grand.

Que la droite classique ramasse aujourd’hui la mise (13% des inscrits) est sans grande signification, eu égard à la continuité des politiques mises en œuvre depuis des décennies. On n’est pas dans le débat mais simplement dans la compétition des places à prendre.

La caricature fut dans les déclarations successives de Manuel Valls et de Sarkozy. L’un affirmant qu’il restait aux commandes et qu’il ne changerait rien à la politique engagée et l’autre annonçant une future alternance où les vraies bonnes réformes seraient enfin menées, en réalité la poursuite de la même politique à quelques détails près. Quant à la présence du FN comme troisième larron, c’est bien commode pour montrer que les politiques sérieuses sont celles des deux partis dits « Républicains » (!?) et que toute autre orientation serait le chaos.

Pour autant, il est parfaitement inquiétant que des zones géographiques votent massivement FN et que se soit installé solidement un parti d’extrême droite populaire, d’où, entre autres, ses prétendues positions économiques aux antipodes de celles de l’époque de Jean-Marie Le Pen.

C’est à une vraie gauche de savoir écouter les peurs ou les colères de ceux qui s’abstiennent ou sont attirés par le mirage Marine. Il y a du pain sur la planche.

Ah au fait, ces élections ont désigné les membres d’une Assemblée dont les statuts ne sont pas encore bien définis. Un sondage de plus, aux frais de la Princesse.